I- Le statut des jeunes tunisiens sous le régime de Ben Ali

15/01/2012 17:02

A. Le portrait de la jeunesse tunisienne

 

Tout d’abord, la Tunisie est un petit pays qui se situe en Afrique du Nord, il a pour superficie 163 610 km², il compte plus de 10 millions d’habitants dont 21 % dans sa capitale, Tunis. La part de la population urbaine, c’est-à-dire en ville, s’élève à plus de 65 % contre 35 % à la campagne ou autour de la ville, en moins de 60 ans la tendance s’est inversée.

Coté religieux, les tunisiens sont à 98 % de confession musulmane, les chrétiens et les juifs ne représentent seulement que 2 % de la population.

 

Plus de 67 % de la population est âgée entre 15 et 60 ans et 50 % de la population a moins de 23 ans, une population très jeunes et cultivée mais à une espérance de vie qui n’excède pas 72,2 ans.

Le peuple tunisien est réputé pour son niveau d’éducation, qui est le plus élevé du monde arabe puisque le taux d’alphabétisation s’élève à 75 %, contrairement aux autres pays arabe où l’éducation est négligée. Le taux d’alphabétisation des hommes s’élève à 85 % contre 65,5 % pour celui des femmes et le nombre d’années passées à l’école s’élève à environ 14 ans. En moins de 10 ans le taux d’abandon a été réduit de 50% en passant 12 % à 6% ; l’éducation est fortement privilégiée par le gouvernement. Divers moyens d’amélioration sont mis en place pour afficher une bonne image du pays.

 

Le fort taux de chômage d’une jeunesse qualifiée est l’une des raisons de la révolution du jasmin et du soulèvement des jeunes. Mais une très grande partie de l’économie dont le tourisme ou l’immobilier sont monopolisés par la belle-famille de Ben Ali, Trabelsi, un grand obstacle pour les tunisiens qui veulent se lancer dans l'entreprise.

Le taux de chômage en fin 2011 s’élève à plus de 16 % soit 640 000 personnes au chômage et seulement 16 000 emplois crée en 2011, le pays est privilégié par le fort afflux touristique qui crée des emplois temporaires suivant les saisons pour les jeunes tunisiens.

Plus de 52 % sont employés dans le secteur public notamment dans la santé et l’éducation quant au secteur privé, il emploie près de 48 % dans les emplois manufacturiers, du commerce ou encore dans la santé privée. Les métiers les plus sollicités sont les ingénieurs en informatique, en télécommunication et en électricité.

 

Face aux problèmes économiques et difficultés de vivre sous un régime dictatorial, certains tunisiens émigre à l’étranger ; le nombre de tunisiens vivant à l’étranger est évalué à environ 900 milles personnes dont 60 % en France.

 

B. La jeunesse soumise à un régime vieillissant

 

Depuis leur indépendance en 1956, les tunisiens sont un peuple asservi où les libertés sont confisquées, des lois émises restreignent le droit de protester, le droit de contester le régime, de critiquer, d’insulter ou encore de diffamer les représentants de l’Etat et tout cela avec une forte répression de la part du gouvernement. Cette répression est très marquée sous le régime dictatorial de Ben Ali qui a subsisté pendant 23 longues années, ce dernier a été déclaré déchu de son rang de Président le 14 janvier 2011 par le jeune peuple tunisien.

De plus, la constitution donnait des droits aux citoyens, seulement ces droits n’ont pas été respectés et souvent ignorées par les autorités. La loi de 1999 sanctionnant les actes de tortures commis par les agents de l’état est un exemple qui illustre parfaitement cet argument. Mais malgré cette législation, les forces de l’ordre ont continués à torturer des personnes, bien souvent des jeunes, en toute impunité au cours de leurs interrogatoires et lorsqu’ils procédaient aux arrestations, ces derniers n’informaient pas la famille alors qu’ils en avaient l’obligation. C'est en majorité les jeunes qui riposter aux attaques verbales et physiques des autorités car ils étaient inconscients des dangers qu'ils encouraient.

 

 

Diverses lois proscrivant les droits ont été intégrés dans la constitution tel que le droit de former des associations indépendantes ou encore des partis politique d’où l’inexistante opposition très violemment réprimée, emprisonnée, ou encore exilée. L’un des droits fondamentaux des citoyens, celui de manifester, était aboli avec la loi du 14 janvier 1969 qui interdit « toute réunion et rassemblement public » contre le gouvernement et ses politiques.

 

Beaucoup de lois sont présentées comme une protection de la vie privée des citoyens, des lois qui s’oppose aux formes de violences et de détournement. Par exemple la loi de 2004 qui censure la liberté d’expression des tunisiens en interdisant « à toute personne l’utilisation d’une station radio ou chaîne de télévision privées ou étrangères ou émettant de l’étranger dans le but d’inciter à voter ou à s’abstenir de voter pour un candidat ou une liste de candidat. Est également interdite l’utilisation des dites stations et chaînes dans le dessin de la propagande électorale durant la période électorale.» (Article 62-III, Chapitre V du Code électoral) sous peine de 25 000 dinars d’amende soit 15 000 euros.

La loi antiterroriste du 10 décembre 2003, utilisée pour légitimer les atteintes aux droits de la personne notamment au droit d’avoir un procès équitable ; quelques temps après cette loi, maintes condamnations de jeunes internautes « entachées de beaucoup d’irrégularités » ont eu lieues. C’est une preuve que malgré les droits mis en place, ils sont bien plus qu’ignorés, ils sont méprisés.

 

De ce fait, Ben Ali et son gouvernement se sont servis de la constitution tunisienne et du code de la presse pour réprimer la société civile, restreindre l’indépendance de la justice, limiter la participation politique et mettre le président en sécurité de toute implication s’il perpétrait une altération à la loi quelque soit l'acuité. Impliqué dans cette soumission, la jeunesse connaît une grande frustration causée par la répression de la société civile, cette société où ils sont sensés se sentir libres.

Tout avait été mis en place pour limiter l’expression de la jeunesse tunisienne, son investissement à la vie politique et l’empêcher de protester par quelques moyens que ce soit, essayer d’installer la peur dans les foyers pourtant le peuple a été fort, courageux et uni, les voix se sont élevées, le peuple a crié son " ras-le-bol " et pour la première fois dans les peuples arabes, ils ont eu le dernier mot.

 

Les jeunes de plus en plus nombreux ne toléraient plus d’être menés en bateau et surtout par un régime qui devenait usé et qui ne comprenait pas leurs attentes ou plutôt ne les écoutaient pas.

 

C. L'organisation d’une révolte sous un gouvernement répressif

 

La révolte tunisienne de 2011 dite « la Révolution du jasmin » s’est déroulée sous nos yeux, en quelques semaines à peine, le peuple tunisien a renversé l’une des plus anciennes dictatures du monde arabe en se soulevant de lui-même et en s’unissant, il a réussi à atteindre son but, du Nord au Sud, de l’Ouest à l’Est, toute le Tunisie a crié sa misère et a dit non .

 

Les raisons de cette révolution sont diverses et se multiplient au fur et à mesure des événements, du chômage d’une jeunesse qualifiée à la corruption et la loi du plus fort. Le peuple tunisien avait de quoi se révolté, et était encouragé par ces raisons pour résister.

Le 7 novembre 2010, El General, rappeur tunisien publie une vidéo dans laquelle il dénonce notamment ce que Ben Ali fait subir à son peuple et pour la 1ère fois à visage découvert, la nouvelle circule vite sur internet et pas plus d’un mois plus tard, Mohamed Bouazizi s’immole par le feu suite à une altercation avec les forces de l’ordre pour avoir vendu des fruits et légumes sans autorisation.

 

Des signes fulgurants de la révolution à venir, deviennent des symboles et martyr de la révolution tunisienne ; à 26 ans, Mohamed Bouazizi décède 2 semaines plus tard suite à ses blessures, son geste est imité dans plusieurs villes de la Tunisie mais aussi dans d’autres pays notamment l’Égypte et l’Algérie.

Les manifestations s’enchaînent, la réaction de la police est de plus en plus violente mais le peuple se déclare solidaire, tous défilent et combattent ensemble, toutes les catégories sociales sont mobilisées pour renverser le régime en place qui les a trop longtemps méprisé et qui leur a confisqué leurs libertés.

 

Cette révolution est unique et inédite et ce d’après les moyens utilisés pour renverser le régime ; tout d’abord cette révolution est une réelle révolution du peuple tunisien qui s’est mis de lui-même sur les devant de la scène sans leader avec une détermination et un courage hors normes.

Ben Ali parle sans arriver à rétablir le calme et ce à trois reprises en proposant des solutions pour le chômage ,il dit « comprendre les difficultés générés par le chômage et son impact psychologique »,mais rien n’y fait le jeune peuple tunisien n’est pas dupe et comprend les techniques du politicien qui consistent à calmer avec des propositions et à reprendre sa politique avec encore plus de répressions et moins de droits ,il avance aussi en se contredisant que ces manifestations sont « des actes de troubles commis par des extrémistes » et que ce qu’ils avancent ne sont « qu’allégations mensongères hostile à la Tunisie » .

 

Les marches pacifiques se transforment et deviennent de plus en plus violentes, certains manifestants incendient banques, immeubles et commissariats, plusieurs arrestations ont lieues, notamment ceux qui avancent que le mouvement du peuple est plus fort que le régime comme par exemple Hamma Hammani le chef du parti communiste des ouvriers tunisiens (PCOT) ou encore ceux qui encouragent ces manifestations, notamment certains rappeurs comme EL GENERAL.

Cette révolte est inédite dans une Tunisie longtemps emprisonnée, une révolte de villes entières et radicale qui assoie ses positions clairement inaliénables ; Ben Ali a donc en face de lui un adversaire de taille : La Rue.

Les moyens de diffusions ont joués un énorme rôle notamment Internet, on a même appelé cette révolution « la révolution numérique » puisque le net a été un élément décisif. Malgré les tentatives de censure du gouvernement notamment en bloquant certains sites tel que Nawaat.org ou encore les sites de partage comme YouTube ou Facebook, qui ont fortement contribué à faire circuler des informations sur la révolte et sa progression et également par la même occasion du soutien.

Par ailleurs, la police elle aussi, qui était du côté du gouvernement exerçait constamment des « filtrages global au niveau des fournisseurs d’accès » incluant même les pages de médias étrangers comme France24, Le Nouvel Observateur, BBC, Rue89 ou encore Al Jazzera.

 

Ceux qui utilisent ces sites de partage puissants sont souvent des jeunes diplômés au chômage, filles et garçons qui sont toujours connectés et qui suivent l’actualité de très près, notamment des révélations de Wikileaks qui divulgue la corruption de la famille Ben Ali – Trabelsi, allégations qui sont repris sur plusieurs sites tunisiens et qui ne font qu’augmenter la fureur des manifestants.

La révolution Tunisienne a obtenu un soutien mondial mis à part celui de son ancien pays colonisateur, la France dont les tunisiens ont profondément été déçus, mais il y a eu, de la part des tunisiens installés en France plusieurs manifestations de soutien notamment à Paris, Toulouse et Genève même s’ils encouraient de gros risques en protestant ainsi puisqu’ils pouvaient être suspendus d’autorisation de séjour en Tunisie. Ils ont élevé leur voix et mis leur peur de côté. Des manifestations de soutien ont aussi eu lieues au canada. Et d’autres peuples arabes ont fait le grand pas en protestant eux aussi contre leur régime.

 

Certes ce fut une révolution qui a porté ses fruits, mais il ne faut pas oublier les 300 morts, les victimes, les familles en deuil de cette révolution, des familles dont les enfants se sont sacrifiés, qui ont osés se battre face à un pouvoir en place depuis 23 ans qui utilisait la forces sans limites, des familles qui ont vécus dans la peur pendant des semaines sous une répression féroce et sans cœur.

Aujourd’hui ce qui ont été courageux et qui sont morts pour leur pays et leur libertés sont devenus des martyrs, ils s’étaient enfin soulevés en demandant la restitution de leurs droits avec détermination et courage en espèrent un meilleur avenir pour ceux qui reste. Mais ils ont également fait passer le message aux autres peuples arabe asservis, qu’aujourd’hui, il ne faut plus se laisser faire par un gouvernement sans se battre pour ses droits même s’il faut mourir.

 

En outre, pour exprimer leur désir de liberté, la jeunesse tunisienne est passée par différentes formes d’expression…